La région méditerranéenne connaît des défis multiformes, comme les conflits anciens et nouveaux majeurs, la récession économique, l’instabilité politique et la croissance rapide de la population dans certains pays méditerranéens, notamment ceux des côtes est et sud du bassin méditerranéen.
Cette situation, augmentant les pressions sur les ressources naturelles et les sociétés de la Méditerranée, s’est accompagnée d’une augmentation considérable des flux de réfugiés ainsi que de migrants économiques et environnementaux vers les pays méditerranéens. La situation critique générale s’est encore aggravée par le changement climatique affectant la région, qui se réchauffe 20% plus vite que la moyenne mondiale, entraînant la crise écologique et climatique la plus grave de sa longue histoire, avec des sécheresses, des inondations, des chutes de neige et une couverture de glace plus fréquente et plus grave sur les montagnes, les incendies de forêts, divers types d’érosion, l’intrusion d’eau de mer, la perte rapide de la biodiversité, l’invasion d’espèces exotiques, ainsi que l’accroissement des conflits et les problèmes liés à la santé et au développement socioéconomique.
Des phénomènes que la 25e réunion des parties signataires de la convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC COP 25 tenue à Madrid, du 2 au 13 décembre 2019) a échoué à prendre sérieusement en compte.
D’ailleurs, le dernier rapport sur l’état de l’environnement et du développement de 2019 montre que les pays méditerranéens sont aujourd’hui confrontés à des défis communs qui exigent des réponses multilatérales, des actions collectives et une mobilisation des ressources significatives.
Face à ces évolutions et dans la perspective de la nouvelle décennie 2020-2030, les gouvernements, les parlements nationaux, les médias, les scientifiques, les ONG, le secteur privé, les entreprises doivent se réunir de manière efficace et rapide pour résoudre la crise écologique et climatique.
Cette recommandation et bien d’autres ont été formulées à la clôture des assises de la 14e réunion conjointe des parlementaires méditerranéens, tenue la semaine dernière à Rabat.
Déclaration de Rabat
Dans la déclaration rédigée à la fin des travaux de cette rencontre, les parlementaires ont insisté sur le renforcement de la bonne gouvernance et la promotion de l’économie verte circulaire, et dans la mesure du possible, neutre en carbone, basée sur une prise de décision scientifique solide, en donnant la priorité aux planifications intégrées de gestion environnementale (terre, mer et air) et aux processus participatifs, y compris l’adhésion à la convention d’Aarhus, en élaborant et améliorant des cadres juridiques et institutionnels appropriés et par des incitations commerciales.
La déclaration de Rabat s’est focalisée également sur l’harmonisation des législations et les cadres réglementaires nationaux avec les conventions, les protocoles et les stratégies mondiaux et régionaux pertinents et la mise en place de dispositions nécessaires à leur ratification et à leur application correcte, à leur suivi et leur communication. Parmi ces dispositions, l’Agenda 2030 pour le développement durable, les objectifs d’Aichi de la convention sur la diversité biologique, les Agendas de l’Upm pour l’eau, l’environnement, le climat et l’économie bleue, la convention de Barcelone et les récentes décisions de la 21e Réunion des parties contractantes à la convention de Barcelone (Naples, Italie, du 2 au 5 décembre 2019, la Convention de Ramsar…etc).
Les parlementaires ont appelé au traitement de la perte de la biodiversité et de la dégradation des terres ainsi que du changement climatique, de manière combinée et intégrée en tant que priorité politique et à s’engager à une participation active et coordonnée à la 26e réunion des parties contractantes à la CCNUCC qui aura lieu à Glasgow (novembre 2020) suite à la phase préparatoire coordonnée conjointement par Compsud et les principaux organismes et réseaux régionaux.
Ils recommandent, par ailleurs, de reconnaître, à l’échelle régionale et nationale, la sécurité de l’approche Nexus Eau-Energie-Alimentation-Écosystème (EEAE) avec la promotion des énergies renouvelables. Cette approche vise essentiellement les deux principaux secteurs économiques de la région, à savoir l’agriculture et le tourisme.
Il s’agit, également, d’adapter les priorités et les stratégies appropriées, accompagnées de mesures concrètes.
Parmi les recommandations avancées dans la déclaration de Rabat, la mise en œuvre d’incitations et de mesures concrètes qui seront introduites dans les plans d’action nationaux, favorisant des solutions visant la gestion des zones humides côtières et autres écosystèmes vulnérables. Ces mesures devraient être compatibles avec l’approche écosystèmique et la combinaison optimale de la gestion intégrée des ressources en eau, avec la gestion intégrée des zones côtières et de changement climatique. Ces mesures contribueront à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement.
Les parlementaires ont souligné, à l’unanimité, la nécessité d’une action urgente en Méditerranée, fondée sur une volonté politique forte renouvelée et une mobilisation importante des ressources, pour que tous les objectifs escomptés soient atteints.